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Message  Myrddin Mar 18 Déc - 20:53

Le grand conseil d'Alheim
Apparition de la déesse Brigit et alliances délicates



L'an -53



Devant les troupes romaines envahissant les territoires, le Roi Alheim a réuni le Grand Conseil des hauts elfes pour parler de l'avenir sombre qu'il entrevoit telle une tempête menaçante. Cela fait plus de  mille  ans que cet événement ne s’est pas produit. Certes, depuis l’époque immémoriale, où humains et elfes ont combattu ensemble pour chasser les seigneurs des Cieux qu’étaient les dragons, un grand conseil avait été déclaré. À présent, le combat allait être mené sur la terre ferme, mais l’ennemi n’était pas moins redoutable, à l’image d’un aigle gigantesque assujettissant tout sur son passage.  Or, haut elfes, elfes communs, druides et même quelques renégats d'elfes noirs étaient réunis. L'atmosphère  était à son comble, la tension se fit sentir parmi l'assemblée. C'est dans ces murmures tendus et ces regards inquiets que le Roi Alheim fit son apparition. Il marcha avec prestance jusqu'à son trône de chêne. Vêtu d'une longue tunique blanche, sa chevelure soyeuse était tressée de fil d'argent et son regard gris, calme, balaya le fébrile regroupement. Levant sa main pâle, il réclama le silence pour s'exprimer en ces termes:

-Je vous ai fait venir aujourd’hui, car l’heure est grave. Comme tous le savent, les Romains s’étendent de plus en plus à travers les territoires celtiques, détruisant les forêts pour construire leurs camps et ravageant les villages des hommes. Jamais une telle terreur ne s’est fait sentir depuis l’ère de Toranix, père des dragons. Je vous le dis, aujourd’hui, nous devons nous allier, peu importe les guerres qui nous ont séparés par le passé.  Nous provenons tous de la première conjonction des mondes, quand Yggdrasil, arbre de l’univers, a fusionné en un seul tout. Oui, pendant des centaines d’années, nous avons combattu les uns contre les autres, mais ce temps est à présent révolu. Je propose d’oublier nos querelles du passé et nous unir contre un ennemi commun : l’aigle destructeur, l’empire qui n’a aucun respect pour la terre où nous vivons et qui ravage nos forêts! Nos peuples!
 
L’ardeur de ses propos vint en ébranler plus d’un, plusieurs approuvèrent de la tête, mais d’autres se firent sombres, en particulier les druides. Sentant la réticence de ses paires, l’un d’eux s’avança, druide suprême de la Confrérie du Vieux Chêne, prénommé Myrddin Wyllt:

-Majesté, je suis tout à fait d’accord avec cette nouvelle alliance. Ayant combattu à plusieurs reprises les Romains, en particulier durant la fête d’Imbolc, à Huelgoat, je peux vous certifier tous autant que vous êtes qu’on ne doit pas  sous-estimer César et ses légions. La preuve, c’est qu’ils ont mis en déroute les Éburons, leur Roi, Ambiorix a connu une amère défaite, lui si orgueilleux de sa précédente victoire de l’embuscade du camp romain Sabinus et Cotta.

-Comment oses-tu insulter notre roi ?!  S’exclama indigné l’un des druides d’origine belge. Myrddin eut un air sombre en répliquant :

-Je ne l’insulte pas, je dis seulement les faits!  À Huelgoat, il s’est présenté bien seul, même s’il demeure pour plusieurs un symbole de la résistance éburonne.  Bientôt d’autres rois se soulèveront, mais ils ne pourront gagner seuls! Nous devons les convaincre, nous, qui sommes druides, possédant le pouvoir de les conseiller, d’accepter cette alliance. Cela serait folie de la refuser! D’ailleurs, la déesse Brigit elle-même nous a apparu, à moi et à ceux qui ont combattu à mes côtés. Elle nous a exhorté de combattre jusqu’à notre dernier souffle et de ne pas oublier les Dieux qui nous protègent. Nous croyons tous aux mêmes Dieux dans cette salle! Nous devons donc  nous unir sous une même bannière, comme le veut le Roi Alheim.

Celui-ci remercia Myrddin de regard. 

-Je ne m’allierais jamais avec un elfe noir! S’insurgea soudain un autre druide les poings serrés, ce qui provoqua un sourire carnassier chez les concernés.
-Nous avons tous besoin de l’aide de chacun! Intervient le Roi Alheim en essayant de garder le calme, mais les druides élevèrent la voix, tandis que les hauts elfes approuvèrent de la tête jusqu’à tant qu’un des deux druides ayant prit la parole exige:
-Nous allierons avec vous, pourvu que vous nous  partagiez l'entièreté de votre savoir ancestral! 

Cette demande souleva un flot de protestation générale et le grand conseil devint une véritable cacophonie qui fit bien rire les elfes noirs. Ceux-ci, d’un commun d’accord, s’éclipsèrent en silence. Il était temps de prévenir leur Reine que la division avait commencé…



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Message  Myrddin Mar 18 Déc - 20:57

La seconde conjonction
L'intervention de la Confrérie des ombres



L'an -52




Se levant de son lit, Myrddin soupira en passant sa main sur son visage fatigué. À ses côtés, dort paisiblement Vivianne, grande prêtresse, son épouse. Après l’avoir contemplé d’un regard tendre, le vieillard se leva en silence  pour se diriger vers l’une de ses bibliothèques. Prenant une plume, un encrier et du vélin, il tourna les talons pour descendre au rez-de-chaussée où se trouvait une grande table en chêne massif. S’y assoyant, il soupira profondément, faisant de l’ordre dans ses pensées, puis il écrivit :

Nombres d'années se sont écoulées depuis le débarquement des troupes romaines sur nos terres.  Or, l’espoir a renaquit avec Vercingétorix et son armée des Avernes qui tient maintenant tête à César. Présentement, il  a levé le siège de Gorbina et il va à la rencontre de César, qui a débuté une autre campagne  pour soumettre la nation des Bituriges. Heureusement, j’ai entendu dire que ce fut  la Confrérie des Ombres qui l’a informé de l’avancement de l’armée romaine. D’ailleurs, Vercingétorix est à présent rassuré qu’aucune division n’existe maintenant au sein de sa Coalition Gauloise, depuis la mort d’Alecco, chef de rebelles, qui avait convaincu maintes guerriers de le rejoindre dans sa cause anti-souverainiste. Si nombreux croient qu’il a péri  lors d’une bataille, quelques un prétendent qu’il s’est fait assassiné, mais nul n’ose le proclamer haut et fort.   Quoi qu’il en soit, les Celtes sont unis plus que jamais, mais je ressens toujours cette douloureuse intuition que cela ne sera pas suffisant. 

J’ai tant prié les Dieux pour qu’enfin nos Rois entendent raison! Pourquoi ne pas accepter de s’allier avec les elfes? Après tout ce sang versé, est-ce qu’ils vont enfin comprendre que notre destinée va vers un chemin plus terrible que la mort? Enfin, les humains sont encore bien jeunes, mais peut-être qu’ils changeront d’idées, gagneront en sagesse?  Il n’est pas encore trop tard, bien que tout me semble si fragile... Dire qu'il y a à peine un mois auparavant, notre monde a été ébranlé parce que les hauts elfes appellent la seconde conjonction. Cela s’est produit durant la nuit de la Samain, quand la pleine lune fut à son plus haut et que le passage vers l’Autre Monde était le plus réceptif. Ce bouleversement cosmique, cette nouvelle fusion des mondes parallèles, a été ressentie jusque dans mes vieux os! Nous avions déjà suffisamment d’ennemis à combattre, mais voilà que cela a amené son lot de créatures mauvaises…plus de succubes, plus de lycans et quoi encore? Nous ignorons à quel point cela a ouvert la porte à d’autres dimensions inconnues et j’ai bien peur que les temps anciens redeviennent notre réalité, celle d’un âge des ténèbres. Récemment, j’ai entendu dire qu’un dragon a été vu dans les environs. Était-ce l’un des derniers de sa race ou le présage d’un nouvel arrivage de monstres gigantesques? Je ne pourrais le dire, mais une chose est certaine c’est plus que jamais nous allons devoir combattre pour survivre…


La main tremblante, Myrddin cessa alors décrire et il tourna son regard bleu vers le feu orangé où perçait de la lumière blanche. Fronçant ses sourcils, le druide s’avançant légèrement pour inspecter les flammes dansantes. Il  aperçut soudain une vaste armée des plus ténébreuses et sauvages se déversant sur la surface de la Terre, amenant avec elle la mort et la destruction. Romains autant que Celtes s’enfuyaient, terrifiés. Qu’est-ce que cette vision signifiait? Est-ce qu'un ennemi plus grand encore que l'envahisseur allait vouloir dominer le monde? Tout cela était très inquiétant...


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Message  Myrddin Mar 10 Sep - 18:52

Chute d'Avaricum
Visite d'un roi et Prophétie de Vivianne



L'an -52



Myrddin se dirigea promptement vers sa tour en pierres, perdu au milieu de Bréchéliant, son grand bâton blanc à la main, sa longue cape en laine détrempée par la pluie. L'air préoccupé, le druide ouvrit sa porte et il la referma derrière lui pour ensuite se diriger vers son foyer qu'il alluma afin de réchauffer la pièce. Ceci fait, il se dévêtit pour se sécher et s'habilla ensuite d'une tunique confortable et chaude; c'était toujours un plaisir de se sentir au chaud après une aussi longue marche, sous un tel crachin. D'un profond soupir, il s'assit confortablement sur sa chaise berçante en allumant sa pipe et fixa le feu léchant les buches de bois, l'odeur de la fumée imbiba doucement la pièce, piquant légèrement les yeux. C'est alors qu'il sursauta en entendant quelqu'un cogné fortement à sa porte, ce qui lui arracha un regard à la fois contrarié et méfiant. Était-ce des gredins venant le déranger pour s'abriter de la pluie? Jurant dans sa barbe, le vieil homme se leva pour aller ouvrir puis il resta un instant interloqué devant les visiteurs. Ceux-ci étaient vêtus d'une cape au tissu tellement fin qu'elle faisait pensée à de la soie miroitante, mais aucune eau ne semblait l'alourdir, les gouttelettes tombaient de la même façon que sur les plumes d'un canard. Or, l'un d'eux soutenait son compagnon qui semblait très mal en point. 


- Vous nous faites entrer, Myrddin?
Dis une voix calme que le vieux druide reconnut pour être celle d'Alheim, le roi des hauts elfes.
- Majesté...que s'est-il passé? Souffla Myrddin qui écarquillant les yeux, tout en ouvrant grand la porte pour que ses invités puissent entrer. 
- Nous avons subi une embuscade en chemin. Il s'agissait des elfes noirs.
- Ah... je vois. Le druide eut un air soucieux, puis voyant la fatigue du Roi, il alla promptement l'aider à transporter son compagnon jusqu'à un siège. Le jeune haut elfe se nommait Aerin , il n’était nul autre que le cousin d'Alheim. Une main sur son flanc, il était très pâle. Myrddin aperçut alors un pansement dépassé de sa chemise en lin.
- Il a reçu une flèche entre les côtes, nous l'avons retiré et cautérisé, mais il est brulant de fièvre. Mon guérisseur est mort durant l'attaque, c'est pourquoi je suis venu vous voir le plus tôt possible. Il faut le sauver. 
- Je ferais de mon mieux, majesté. Répondit humblement Myrddin qui pria pour que la flèche n'ait pas atteint les os. Si c'était le cas, il n'allait rien pouvoir faire pour empêcher l'infection de se propager. 

Croisant le regard gris d'Alheim, Myrddin l'invita à s'assoir sur une chaise, chose que le haut elfe accepta avec soulagement. Délaissant sa magnifique cape, le roi était vêtu d'habits de voyage simple, mais cela ne lui enlevait rien de sa prestance. Sa longue chevelure blanche était coiffée en queue de guerrier tressée, venant dégager son visage fin et beau, assombri par la lassitude et l'inquiétude. 


-Nous avons réussi à les faire fuir, mais beaucoup de mes hommes ont péri, ce qui en reste a construit un campement proche d'ici, à l'abri des regards. Alheim soupira profondément. C'était une embuscade très stratégique, j'ai bien failli y laisser ma peau, mais Aerin a pris la flèche pour moi.
-Les temps sont durs, Majesté. Si cela n'avait pas été les elfes noirs, vous auriez pu tomber sur les Romains. Mais pourquoi donc vous vous êtes éloignés d'Iranis? 
-Je tenais moi-même à rencontrer la reine Moriana.
-Quoi?! Mais...c'est de folie!
-Je sais...je sais...Comme vous dites, Myrddin, les temps sont durs, et j'espérais une alliance, mais j'ai été fou de croire à une telle chose. Ils veulent la guerre et régner sur nos cadavres. Moriana veut le pouvoir pour elle seule. 

Sur ses derniers mots, Alheim déposa son front sur sa paume et il ferma les yeux avec amertume, tandis que le druide le fixa avec tristesse. En secret, Myrddin éprouvait une grande admiration pour ce roi elfique sage et courageux; Alheim était bien le seul souverain ayant réussi à gagner son respect et son allégeance. Le haut elfe était prêt à tout pour sauver cette terre des Romains et de leur destruction, même à s'allier avec des êtres opposés à lui, qui l'avait trahi avant même de pouvoir rencontrer leur reine . 

-Elle est aussi pire que Jules César! maugréa le druide en s'éloignant pour aller chercher des herbes séchées et de l'ail à faire infusés. Alheim vient acquiescer en murmurant lugubre :
-Elle est pire. Plus vicieuse et fourbe. 
-J'ai froid...

La voix d'Aerin ramena les deux hommes à la réalité, Myrddin s'empressa d'aller chercher un drap en laine pour lui mettre sur les épaules et c'est dans ses bras que le cousin du roi sombra dans une profonde insconcience. Le vieillard fut effaré de voir à quel point il était brulant de fièvre, il devait impérativement se reposer. Alheim proposa qu'ils le transportent au second étage où il allait pouvoir dormir et récupérer, bien que Myrddin doutait fort qu'il survive à sa blessure. C'est sous le regard las, mais bienveillant d'Alheim que le druide s'affaira à faire une infusion d'écorce de saule et d'achillée-millefeuille.

-Cela va aider à faire baisser sa fièvre. Je vais devoir éponger son corps de linges froids et humides.

-Croyez-vous qu'il va survivre?
-Je l'ignore, Majesté. 
-Ce soir, appelez-moi Alheim. Rien d'autre qu'Alheim. 

Myrddin fut surpris de cette requête, mais en même temps, il comprenait. Cette soirée promettait une fin tragique et en cet instant, le roi voulait être son égale pour pouvoir décharger toute sa peine, mais aussi toute son inquiétude. Le druide acquiesça et montant à l'étage, il soigna au mieux le blessé pour ensuite revenir voir le roi et l'informer qu'il fallait s'armer de patience et attendre. Comprenant que plusieurs jours seraient nécessaires au rétablissement de son cousin, s'il s'en remettait, Alheim se détendit et accepta d'un sourire de goûter à sa soupe aux orties et à une pinte de cervoise au miel. 

-Une soupe aux orties? Les humains ont des goûts bien particuliers.
-Et les hauts elfes, des goûts de chèvres. 

À cette réplique moqueuse, le roi ne put s'empêcher de rire, tout comme Myrddin, dont l'oeil bleu se mit à pétiller de malice. Alheim secoua doucement la tête en soufflant :

-Ah, mon ami, malgré les circonstances, je suis très heureux de vous revoir. Vous m'avez manqué!

-Vous m'avez manqué aussi, votre...Alheim. Je comptais justement vous rendre une visite pour vous informer des dernières nouvelles de mon peuple. Certaines sont très mauvaises, d'autres bonnes. 
-Eh bien, puisque je suis ici, dite. Je vous écoute. 

Myrddin acquiesça de la tête puis avant de parler, il réfléchit sur les événements les plus importants à communiquer à son royal invité. Grave et triste, le vieux druide raconta :

-Il y a quelques mois, Avaricum a subi un siège. Les Romains ont bien failli perdre, vu que le roi Vercingétorix a eu la brillante idée d'attaquer les cargaisons de vivre, les affaiblissant. Mais, malheureusement, le combat a tourné en faveur de l'ennemi, dû au mauvais temps, et ils ont réussi à pénétrer dans l'Oppidum et ont massacré pratiquement toute la population. Quarante milles en tout. Seul huit-cents en ont réchappé, l'un des mes proches amis en fait partis. Il m'a tout raconté.
-Par les Dieux...quelle terrible défaite pour les vôtres! Quelle barbarie! souffla Alheim pâle et chagriné. Myrddin fit silence en acquiesçant lentement de la tête.
-Oui, mais Vercingétorix semble un roi solide, il n'a pas laissé ses troupes s'écrouler devant cette défaite. J'ai appris qu'il a rassemblé un grand nombre de tribus celtes et il s'apprête à livrer un siège à Gergovie contre les Romains. 
-Les Dieux seront-ils en notre faveur, cette fois? Questionna Alheim tristement, une fine lueur d'espoir brilla dans ses yeux gris. Myrddin eut un sourire mystérieux et il répondit :
-Je puis espérer qu'ils le seront. En tout cas, les récoltes n'ont jamais été aussi fructueuses. L'on raconte que Bel lui-même a béni nos troupeaux et nos champs lors de la Beltaine. Nos guerriers sont plus vigoureux que jamais. 

À vrai dire, Myrddin avait effectivement rencontré Bélénos en personne lors de cette fête célébrant l'intéressé. Disons que le Dieu avait brulé sa barbe puis sa tunique, l'une était un accident, l'autre une petite vengeance divine. Il garda de cette soirée une certaine amertume et un ébahissement d'avoir été en présence d'un Dieu. Toutefois, il garda cette information pour lui, ne voulant pas paraitre plus fou qu'il était en vérité. La voix d'Alheim le ramena alors à la réalité :

-Eh bien, je vais envoyer un messager à Vercingétorix pour lui offrir mes meilleurs archers. Je n'ose croire qu'il refusera mon aide, tant pis pour l'avis de vos druides!
-Je crois au contraire qu'il faut obtenir leur approbation avant toutes alliances.

Devant cette opinion, Alheim eut un regard légèrement irrité en confiant avec exaspération :

-Cela fait près d'un an que j'attends leur approbation, Myrddin. Ils ne daignent pas faire de compromis raisonnable.
-Je sais, mais passé outre leur avis, viendrait causer un conflit dont nous n'avons pas besoin. 
-Alors, que faire?
-Attendre. 

Devant le regard sombre du roi, Myrddin eut un petit sourire énigmatique puis il se pencha vers son invité en murmurant :

-Quand la division régnera et tout semblera perdu, un roi sortira à l'ombre de la défaite et unira ceux que tous croyaient impossible d'unir. Alors, la Grande Guerre débutera, les destins seront scellés.
-Qu'est-ce que cela signifie? demanda Alheim à la fois perplexe et curieux. 
-C'est la prophétie de la prêtresse Vivianne, mon épouse. Elle signifie qu'une grande guerre approche, majesté, et qu'un roi sera apte à nous unir. 

Le regard bleu de Myrddin se fit lointain, un sourire rêveur éclaira son visage. Pendant un instant,le druide fit silence puis il dit en croisant le regard du haut elfe : 

-Nous ne pouvons fuir notre destin, majesté. Nous ne pouvons qu'attendre et faire de notre mieux jusqu'à tant que tout soit accompli.
-L'attente est une épreuve bien difficile, Myrddin. Alheim eut un profond soupir de lassitude puis acquiesçant, il souffla résigné : Mais soit. Je vais continuer à prendre la voie de la diplomatie pour convaincre vos druides afin que l'on puisse s'allier au roi Vercingétorix. Une fois les Romains mis en déroute, nous nous occuperons des elfes noirs. Enfin...j'enverrais quand même quelques troupes pour les éloigner des frontières de Bréchéliant.
-Sage décision, Majesté.
-Alheim, Myrddin. Rectifia le haut elfe feignant un ton réprobateur.

Les deux hommes s'échangèrent un sourire complice puis ils décidèrent d'aller voir l'état du malade. Quand ils entrèrent, Aerin avait le teint cireux, ses yeux vitreux fixaient le plafond. Il était mort à bout de force, la fièvre l'avait emporté. Le vieux druide murmura une prière tandis qu'Alheim s'agenouilla, son regard se remplit de larmes. Déposant sa main sur celle du défunt,un sanglot dans la voix, il murmura :

-Il m'a sauvé la vie...


Myrddin s'avança et déposant sa main sur l'épaule du roi en soufflant gravement :


- Il n'est pas mort en vain. Il restera dans nos mémoires pour toujours. Les bardes chanteront son courage et son sacrifice...

 

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Message  Myrddin Dim 5 Avr - 14:53

La vengeance d'une reine
Asile pour Celebrian et la louange de Lug



L'an -52



Le fugitif courrait à en perdre haleine, les branches fouettaient son visage, mais il s'en souciait peu. Il devait fuir et vite. Au loin, les sabots s'approchaient, il entendait leurs cris sauvages et le jappement de leurs loups dressés. Le coeur battant, il continua sa course, s'enfonça davantage dans les bois jusqu'à tant qu'il voit au loin une tour en pierre. Déglutissant, il s'y risqua pour se mettre à l'abri de ses poursuivants qui avaient perdu un momentanément sa trace. Rendu à la porte, il cogna avec violence, sa voix cassée supplia:


-Ouvrez! Je vous prie! Ouvrez! 
-Que venez-vous faire ici? Demanda soupçonneux une voix d'homme en arrière de lui. Le fugitif se tourna vers un vieil homme à la barbe blanche et à la tunique grise, son large chapeau ombrageait la moitié de son visage parsemé de rides. Seuls ses yeux bleus semblaient étinceler dans l'atmosphère grise de ce printemps pluvieux.  Or, ce même regard était très menaçant, il tenait dans ses mains un bâton surmonté d'une pierre de lune. 

-Je...je ne suis pas celui que vous croyez...bafouilla l'inconnu en levant ses mains en signe de paix. Myrddin plissa les yeux, dévisageant circonspect l'elfe noir en face de lui.  Sa chevelure était argentée, son teint aussi sombre que la nuit et son regard d'un vert pâle, tâché de gris. 

-Qui êtes-vous? Questionna abruptement le vieillard sans baisser son bâton. 
-Je...un espion...mais pas contre les humains! Contre les elfes noirs! Je ne suis pas des leurs...je vous le jure. Regardez!

Sans plus d'hésitation, l'elfe se pencha pour se mouiller les mains dans une flaque d'eau et il vient se nettoyer les mains jusqu'aux avant-bras,dévoilant une peau claire. L'elfe releva les yeux vers Myrddin, il était rempli de détresse. 

-Je suis un elfe commun, je me nomme Celebrian. J'ai été engagé pour espionner les elfes noirs, mais voilà, l'un d'eux a découvert mon imposture et il m'a dénoncé. Je vous en conjure, je ne suis pas une menace! Je vous demande asile...ils m'ont poursuivi, ils ne sont pas loin...

En effet,  Myrddin avait entendu au loin un groupe de cavaliers déambuler sans aucune discrétion dans la forêt.  Ne voulant pas faire affaire à eux, il avait rebroussé chemin avec discrétion pour revenir chez lui où ce jeune imposteur réclamait son aide. Soupirant, le vieillard abaissa son bâton et il avança en disant:


-Soit, entrez. Si ce que vous dites est vrai, je ne peux refuser l'hospitalité d'un allié. Je suis l'ami et conseiller du Roi Alheim. Je me nomme Myrddin Wyllt.
-Myrddin Wyllt? Oui, j'ai entendu parler de vous...souffla Celebrian en soupirant de soulagement. 
-En bien,j'espère! répliqua le vieillard en allant ouvrant la porte, tandis que l'espion répondit d'un sourire en acquiesçant de la tête. Les deux hommes entrèrent et Myrddin alla allumer un feu pour réchauffer son logis. 

-Enlevez vos bottes, je ne supporte pas que l'on salisse mon plancher . Dicta Myrddin en tournant ses yeux d'azur vers le jeune elfe qui ne se fit pas prier pour obéir. Je vais vous préparer une soupe aux pois, mais en attendant, expliquez-moi pourquoi un regroupement d'elfes noirs errent dans cette forêt, si loin de Nimrestir. 

L'elfe commun hésita un instant, car certaines informations devaient être révélées uniquement au Loup noir. Cependant, sachant qui était Myrddin, il se dit que toute façon le chef de la Confrérie des Ombres allait être mis au courant par son entremise. De toute façon, ce qu'il avait appris concernait surtout les humains. S'assoyant près du feu pour faire sécher ses vêtements trempés par la bruine froide, il répondit de sa voix claire:


-Ils sont en route pour Gergovie. C'est une troupe d'élite d'une cinquantaine de guerriers chargés de créer le chaos lors du prochain siège.
-Le chaos? Comment? Questionna Myrddin en fronçant les sourcils.  L'espion s'essuya le front imbibé de fines gouttelettes qui coulaient dans ses yeux en répondant:
-Ils ont reçu l'ordre de mettre à mal autant les Celtes que les Romains. Une partie du groupe prévoit d'entrer à l'intérieur de l'Oppidum, l'autre de rester à l'extérieur. Chacun aura la responsabilité de nuire aux deux clans.  Je n'ai pas eu le temps de savoir comment,  mais quelque chose me dit qu'ils vont utiliser autant le poison que le feu pour rendre le siège encore plus difficile. 

 Celebrain prit un instant de silence, son regard verdoyant fixa les flammes, son visage noirci par le charbon et la graisse eut une moue amère. 


-Je vois en cela la vengeance de Moriana. Elle n'a pas du tout aimé que l'on accuse son peuple de l'assassinat du centurion Cornelius Ponctius. Il semblerait que ce fut la main d'une elfe noire déchue et bannie qui a commis ce délit. César a été mis au courant de ce complot qui est selon la reine une duperie provenant des Celtes. Mensonge ou pas, nombreuses patrouilles romaines se sont aventurées aux alentours des monts d'Arrée, nombreux elfes noirs se sont fait prendre et tuer. Cela a mis Moriana dans une rage folle et elle compte bien faire payer les humains. 
-Par Taranis...c'est terrible ce que vous me racontez là. Souffla le druide en s'assoyant lourdement sur une chaise, la louche en main pour brasser sa soupe. Il va falloir prévenir Vercingétorix de leur intrusion!
-Oui, c'était mon intention. Les Celtes vont devoir redoubler de vigilance. J'espère seulement que Vercingétorix va croire à mon rapport...il n'est pas du genre à considérer les elfes. 

À ce propos, Myrddin le dévisagea d'un regard désolé, c'était vrai que le roi des Avernes était borné à combattre sans l'appui de la civilisation elfique. C'est à croire qu'il sous-estimait la menace des elfes noirs et l'aide des haut elfes. Mais voilà, Celebrian n'était ni l'un, ni l'autre, le druide se demanda soudain qui l'avait engagé à espionner Moriana et son peuple. Comme pour le rassurer, le vieil homme posa sa main sur celle de l'elfe en disant:


-Peut-être, mais je connais quelqu'un qui écoutera.  Il se fait surnommer le Loup noir. 
- C'est lui qui m'a engagé pour cette mission. Répondit sincèrement Celebrian d'un sourire complice.À cette information, les épaules du vieillard se détendirent. Si Bryan était concerné, tout n'était pas perdu, mais il fallait au plus vite qu'il soit mis au courant.  Soudain, ils entendirent des sabots à l'extérieur, Myrddin se leva brusquement, son attention fixée sur sa porte. 

-C'est eux...siffla haineux Celebrian en se levant à son tour, sa main se posa sur son épée. Le vieillard acquiesça de la tête en silence, réfléchissant à toute allure. 
-Vous devez fuir, mais à pied, ils vont vous rattraper et vous tuer. Venez!

Celebrian acquiesça, tout en jetant un coup d'oeil remplit de regret à la soupe aux pois qui chauffait doucement dans le chaudron d'étain. L'on cogna brusquement à la porte, mais Myrddin s'en préoccupa guère et il se dirigea vers une petite salle à débarras qui menait à l'écurie, située derrière la demeure. Là, un âne les attendait et un cheval qui fit pâlir de peur Celebrian.

-C'est...
-Oui, un cheval de Dullahan, mais n'ayez crainte, j'ai réussi à l'apprivoiser.  Je l'ai nommé Infernal! Infernal, tu vas être gentil et conduire notre ami à Corent. D'accord?

Le cheval infernal hennit sinistrement, sa robe noire semblait faite de fumée et de soufre. L'elfe déglutit en dévisageant Myrddin comme s'il était  fou. Entre monter ce cheval des enfers ou affronter les elfes noirs, il ignorait quel était le moindre mal. 


-Allons, n'ayez pas peur! Les Dieux sont de notre côté! Ils vous protègeront! 
-Parfois, j'ai l'impression qu'ils nous ont abandonnés. Avoua Celebrian avec amertume tout en s'avançant avec prudence vers Infernal, dont le regard rouge se fit méfiant. Myrddin eut un rictus et se mit à chantonner tout bonnement:

- Un frère a réussi à libérer sa soeur 
Délivrée,  l'épouse a retrouvé son coeur 
Elle est revenue et avec la nature endormie 
Plantes, fleurs et arbres épanouis 

Jamais les dieux ne furent aussi heureux que ce jour-là
Les amants retrouvés, la nature s'est réveillée
Dans cette joie pure, la lumière a gagné
Les dieux n'oublient point l'aide apporté  

Les héros d'Imbolc se sont fait remarquer
Les dieux les ont remerciés par des cadeaux
Aussi merveilleux que beaux...


La voix de Myrddin sonnait faux, mais cela n'enleva pas la beauté des paroles  de la chanson, ce qui vient calmer par le fait même Infernal qui ne protesta pas quand Celebrian grimpa en selle. La docilité de cette étrange monture rassura l'elfe qui tourna son attention vers Myrddin en disant: 

-J'ai entendu de nombreux bardes chanter cette louange.  À ce que je comprends, cela rend hommage à des héros qui ont  sauvé la nature du désastre lors de la fête d'Imbolc?
-Ils ont sauvé bien plus que la nature, mon ami...oui, bien plus. Ils ont sauvé la déesse Brigit et Lug a combattu à leur côté. Je le sais, car j'y étais.

À cette confidence, Celebrian écarquilla les yeux, sa mâchoire tomba légèrement de surprise. Au loin, les cognements à la porte se firent plus agressifs, des voix exigèrent que l'on ouvre. Myrddin s'approcha promptement pour poser sa main sur celle de l'elfe en disant gravement:

-Les Dieux ne nous ont jamais abandonnés, Celebrian. Ils continueront à nous guider et à nous protéger. N'en doute point. Sur ce dire, Myrddin jeta un coup d'oeil à l'intérieur de son logis, l'on venait de défoncer sa porte. Va, maintenant! Infernal, chevauche comme le vent!
-Comme le vent? 

Celebrian poussa alors un  cri apeuré et il s'accrocha de toutes ses forces à la crinière du cheval  qui  n'avait jamais été aussi heureux d'obéir à Myrddin.  Ce ne fut pas long qu'il disparût dans la forêt au grand galop, jamais les elfes noirs ne réussiraient à le rattraper.  Ceux-ci jurèrent derrière le vieillard, ils étaient en tout une dizaine à être entrée chez lui sans sa permission. 

-Vous feriez bien d'attraper ce voleur...je tiens beaucoup à ce cheval! S'indigna faussement Myrddin, une lueur moqueuse brilla dans ses yeux bleus. L'un des elfes noirs cracha au sol et sans plus attendre, ils s'en furent pour poursuivre Celebrian. Malgré le calme revenu, le druide fixa longtemps la forêt, puis il leva ses yeux vers le ciel gris. 

-Lug  fais qu'il réussisse à prévenir Bryan...et que l'on gagne ce siège. Pria-t-il avec ferveur. En guise de réponse, un éclair illumina les sombres nuages et une pluie diluvienne s'abattit sur la terre. 

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Message  Myrddin Mar 14 Juin - 22:06

Gergovie
Aigles, loups et serpents



L'an -52



Le vent souffle où il veut, murmure aux oreilles attentives, discret messager des Dieux. Or, il amena avec lui une odeur de fumée et de sang au nez de Myrddin. Le vieux druide fixa au loin l'ancien camps Romain qui avait été construit à quelques kilomètres de l'Oppidum. Vide, désert. Son regard d'azur, ridé par l'âge, brillant d'une lueur très vive, que plusieurs associaient à la folie, se riva vers  Gergovie. Il fut soulagé d'entendre les fiers marteaux celtes tapés sur l'enclume, le brouhaha d'une foule joyeuse, de la musique provenant de bardes fêtant la victoire. Forçant son âne à avancer, Myrddin réussit à monter la colline jusqu'aux grandes portes de Gergovie, où il y avait encore des traces de la grande guerre qui s'était déroulée.  Malheureusement, le vieux druide était arrivé trop pour prêter mains fortes, mais il fut fort heureux de constater que malgré son absence, les Dieux avaient été de leur bord cette fois. Saluant chaleureusement un garde, on le laissa entré avec respect, du à sa classe, et il alla amener son borné de canasson dans une écurie. Là, il s'était informé où trouver le Roi Vercingétorix et sa cour, question de se faire raconter le siège qui a eu lieu. Dommage qu'il n'était pas arrivé à temps, il aurait pu évoquer la brume!


Enfin, il était là et c'était l'essentiel. Myrddin se dirigea donc vers où se déroula le banquet, il y a une foule de rassemblée. Il aperçu alors à la table de Vercingétorix Bryan, Katell et...Enkara? Que voilà une surprise!  Le vieil homme leva un de ses sourcils broussailleux, il jeta un petit coup d'oeil aux convives qui regardaient avec circonspection l'assassine. J'admets que c'était un événement extraordinaire, comme tout ce qui c'était déroulé ici. Reste qu'il était content de tous voir ses compagnons avec qui il avait combattu par le passé, à plusieurs reprises. S'appuyant sur son long bâton, le vieil homme joua du coude pour s'avancer vers les invités de haute marque. Vercingétorix posa alors ses yeux bleus sur lui et lui souris cordialement

-Myrddin, il y a très longtemps que je t'ai vu. Tu n'as point changé.
-Non, Roi Vercingétorix, il est vrai. La seule différence est que du temps de votre père, j'étais blond de cheveux. Je suis heureux de voir que la royauté est désormais vôtre et quelle royauté! Je vous félicite de cette victoire. Je vois que les Romains ont déguerpi.


Le grand roi eut un sourire reconnaissant et il approuva de la tête.  Ses convives avaient fait silence devant cet échange, Myrddin sentit leurs regards, mais cela le laissa indifférent. Il détourna ses yeux bleus vers ses anciens compagnons d'arme, il leur adressa un sourire cordiale., bien qu'il remarqua que Bryan était blessé à l'épaule. Le loup noir était fort pâle, mais comme à son habitude, il se tenait droit et calme. L'espion lui rendit son sourire, leur ancienne dispute concernant leurs enfants étaient déjà loin derrière eux.  Son attention se reporta sur Vercingétorix, il affirma:


-Je vois que vous êtes bien entourés, Roi Vercingétorix.  J'ai combattu avec chacun d'eux par le passé, ils ont assurément contribuer  à la victoire de ce siège.
-Certes, il est vrai. Chacun a prouvé un courage exemplaire.  Ils sont dignes d'être à ma table ce soir, mais allons, viens t'asseoir au côté de notre nouvelle Ovate.

Disant cela, le roi désigna d'un geste officieux une jeune blonde assis à ses côtés. Elle semblait réservé, voir peu heureuse d'être présente à cette table. Myrddin leva un sourcil curieux et fit une profonde révérence:


-Je suis honoré. Ma femme est aussi une ovate, c'est Vivianne la Dame du lac, connu comme prophétesse par ses paires. L'on se doit d'honorer et de respecter ceux et celles à qui les Dieux ont offert le don de clairvoyance. Vous êtes une bénédiction du ciel.


Disant cela, il se déplaça jusqu'à la table des convives où il put enfin reposer ses jambes endolories de sa longue route à dos d'âne. Ainsi on lui offrit viandes, cervoise et petits pâtés chauds. Il s'en régala, le coeur léger et heureux par cette grande victoire.  Or, sa main vient frôlée involontairement celle de Thyra, tous deux se figèrent soudain.  Le vieil homme ressentit une puissante énergie s'abattre sur lui. Devant ses yeux, tout se fit flou, les convives se transformèrent en des cavaliers romains tuant à plusieurs reprises des troupes celtes. Ces escarmouches le menèrent vers le roi Vercingétorix qui  était pris au piège, des hautes fortifications l'entouraient.   Les gaulois tombèrent un à un, le sang telle une marée recouvra la terre. Dans cette cauchemardesque vision, Vercingétorix sentit un tremblement de terre sous ses pieds, il fut élevé vers le ciel par des milliers de mains ornées de bracelets celtes jusqu'à César. Celui-ci entoura une sangle autour de sa gorge et l'étrangla jusqu'à ce qu'il tombe à ses pieds.  César enleva la tunique du défunt roi et la brandit vers les mains celtes qu'ils  le louangèrent. Or, paniqué, Myrddin entrevit que le sang devient noir, agglomérant tout. Il provenait d'une elfe noire blessée, le liquide sombre coulant de sa plaie, souillant et empoissonnant les êtres qu'il touchait. Le vieil homme recula et tomba dans une chute infinie.  Une voix qu'il reconnut pour être celle de Lug s'exclama:

-Te voilà prévenu, Myrddin.  Préviens le loup noir que son temps approche.
La voix s'adressa alors à une autre personne que lui:  Ovate, accepte ton destin. Contribue à changer la roue du temps. Que mes dévôts ne meurent point par milliers.  Qu'ils n'abandonnent pas leurs Dieux.


-Myrddin? Myrddin?


Une voix grave, où perçait l'inquiétude, raisonnait dans le lointain de son esprit. Le vieil homme prit une profonde inspiration en ouvrant soudainement les yeux. Il était très pâle et confus. À ses côtés, une jeune femme était également couchée, c'était la jeune ovate.  Toujours aussi, troublé, il croisa un regard ambré, le vieil homme souffla la bouche sèche:

-Piège...mort....grande défaite...Ton temps approche...ton temps approche...

Disant cela, il roula à nouveau de l'oeil et s'évanouit dans les bras de Bryan qui fut fort inquiet et bouleversé.  Les convives firent silence, ils ne surent quoi penser de ce qui venait de se passer. Une grande appréhension parcourut l'assemblée.

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Message  Myrddin Mer 28 Déc - 16:25

Alésia
L'élévation de l'aigle, la chute du loup



L'an -53



Myrddin fit à nouveau un rêve terrible. Il rêva d'une marée de morts recouvrant le sol, tandis que le ciel noir fit une ombre en forme d'un loup hurlant de souffrance. L'hurlement était si terrible, si douloureux, que le vieil homme se réveilla en sueur aux côtés de Vivianne, sa femme. 

-Tout va bien, mon amour? Demanda-t-elle qui s'était réveillée soucieuse. Cela faisait plusieurs nuits que Myrddin dormait mal. Le vieux druide secoua la tête, en tremblotant un peu. D'une voix enrouée, il souffla:
-Non, non...cela ne va pas du tout. Des choses terribles se passent! Je ne peux rien y faire. Ah, Vivianne, je me sens impuissant. 

Vivianne se redressa et vient entourer de ses bras graciles le dos abattue de son mari. Elle l'avait rarement vu ainsi, ce qui l'inquiétait. Venant embrasser son omoplate, elle souffla à son tour:

-Tu sais comme moi que c'était inévitable. Moi-même j'ai eu des songes très sombres. La seule chose que nous pouvons faire, c'est de résister et de faire en sorte que notre culture ne soit pas oublié. 
-Oui...oui, tu as raison...comme toujours. Marmonna Myrddin en lui venant caresser sa tignasse blonde. Elle était de quinze ans plus jeune que lui et pourtant, son âme était si sage, si mature.  Soudain, quelqu'un cogna fortement à l'extérieur, ils sursautèrent en même temps. Fronçant les sourcils, Myrddin se leva vivement pour voir qui cela pouvait bien être. Un peu méfiant, il jeta un coup d'oeil au-dehors, entrouvrant la porte. 

-C'est moi, Myrddin. Célébrian. 
-Oh! Entre mon ami. Rassure-moi, tu n'as aucun ennemi à tes trousses, cette fois?
-Non, non...mais j'apporte de graves nouvelles. 

L'elfe commun entra, sa cape était détrempée par la pluie froide. Abaissant sa capuche, il révéla un visage amaigrie et fatigué.  Le vieil homme prit le temps de l'observer tristement, se doutant des nouvelles qu'il apportait. L'invita à s'asseoir près du feu, il vient lui préparé un thé chaud, tandis que Vivianne, qui était descendue, vient le couvrir d'une couverture en laine. Célébrian lui sourit faiblement en s'entourant du tissus et fit silence pendant un instant. Myrddin vient s'asseoir et d'un profond soupir, il supposa:

-Alésia est tombée, c'est cela?
-Oui, il y a plusieurs jours déjà. Ce fut un siège très éprouvant, ton peuple a combattu bravement, mais ce ne fut pas suffisant.  Il y a eut de nombreuses pertes, aussi parmi les Hauts elfes. Les Elfes noirs ont mené un assaut traitre. Le Roi Alheim...la voix de Célébrian se serra à cause de la tristesse. Le Roi Alheim est mort au combat. 
-Non...soufflèrent Myrddin et Vivianne d'une même voix.  Leurs yeux se remplirent de larmes, le vieux druide abaissa la tête et ferma les yeux. 
-C'était un grand roi. 

 Étant l'un de ses proches amis, le druide s'était tourné vers le roi des Hauts elfes pour apporter ses conseils, s'éloignant pendant des années de la civilisation des hommes.  La perte d'Alheim lui brisa le coeur, mais ce qui suivit l'attrista davantage. 

-J'étais en route pour aller avertir la Cité d'Iranis, à la demande de Bryan. 
-Comment va-t-il? Questionna Myrddin en ouvrant les yeux après son moment de recueillement. Ses mains noueuses se serrèrent à l'expression grave de l'ancien homme de main du Chef de la Confrérie des ombres. 


-Il...Je doute qu'il est survécu. Il a réussit à délivrer sa fille qui a été emprisonné par les légionnaires, mais il n'a pas quitté le camps.  Il a sûrement été exécuté. 

Myrddin porta son regard d'azur sur le feu, son visage était très grave et très triste. Se souvenant du loup qui hurlait de souffrance, il ferma les yeux en soupirant profondément. Les flammes crépitaient dans le foyer, le seul bruit dans la pièce. 

-Non...il n'est pas mort, mais ils l'ont torturé...
-Comment le sais-tu? Questionna Célébrian en pâlissant. Le druide eut un profond soupir, tandis que Vivianne essuya ses larmes du revers de la main. Myrddin releva son regard bleu pour le poser sur son interlocuteur en répondant:

-Car j'ai rêvé de lui. J'ai rêvé de sa grande souffrance. Cela fait combien de temps qu'il a été fait prisonnier?
-Trois semaines environs, le temps que je reconduise ceux qu'il m'a demandé de protéger au campement de son fils. J'y suis resté quelques temps avant de reprendre ma route.
-Trois semaines  à se faire torturer. Tu as raison, il n'a sûrement pas survécu...Souffla Myrddin en blêmissant. Vivianne posa sa main sur le bras de son époux d'un air très triste. 
-Tu ignore les desseins des Dieux, Myrddin. Peut-être qu'il est encore en vie...
-Peut-être, mais nous ne pouvons pas l'aider. Dit le vieil homme en se relevant angoissé. Il détestait être impuissant. Faisant les cents pas, dans la pièce, il tenta de réfléchir à la suite des choses.

-Si Alésia est tombée, cela veut dire que Vercingétorix est maintenant aux mains des Romains. Sans lui et sans Bryan, qui a   contribué à ses nombreuses victoires grâce à son réseau d'espions, les Celtes se retrouvent très affaiblis. 
-Oui. En fait, nombreuses tribus se sont soumises à l'envahisseur, Myrddin. Plusieurs Celtes sont à présent en fuite vers l'Irlande. Les Oppidums comme Corent et Gondole ont été  aussi prise par les Romains. Plus rien ne sera comme avant...  Confia Célébrian tristement,  qui avait eu vent des nouvelles de la guerre. Un autre silence s'en suivit,  tandis que la voix de Vivianne se fit entendre. Sa voix était devenue profonde et lointaine. Son regard fixait les flammes. 

-Nous rentrons dans un nouvel ère. Un ère où les Celtes et les Romains deviendront un seul peuple. 
-Tu ne sais pas ce que tu dis, ma femme! S'horrifia Myrddin en se tournant vers sa femme. À son expression, le vieil homme comprit qu'elle était en transe et percevait l'avenir aussi clairement que dans une rive claire et limpide. Déglutissant, il vient se rasseoir pour l'écouter, Célébrian s'était avancé vers elle pour mieux entendre. 


-Les Celtes résisteront, le loup noir les s'unira  sous une seule bannière. Rome ne pourra pas assujettir ceux qui auront suivi ce nouveau Roi, mais ils devront partir loin pour être libres. 
-Est-ce que Rome tombera un jour? Demanda Célébrian fébrile, le coeur battant et les mains moites. Il éprouva un profond soulagement d'apprendre que son chef allait un jour revenir en force. Lentement, le regard violacé de Vivianne se tourna vers lui, elle répondit toujours en transe:


-Elle tombera dans plusieurs générations d'homme. Sa chute sera comme un tremblement de terre qui ébranlera le monde. Rome s'étendra trop loin, se divisera et s'affaiblira. Des étrangers venus du Nord, semblable aux Celtes, envahiront nos terres, diviseront les Romains qui retourneront dans leur pays d'origine.  Jamais plus elle ne connaitre la puissance que nous lui attribuons aujourd'hui. 

Sur cette prophétie, Vivianne perdit conscience, Myrddin rattrapa sa femme dans ses bras. Embrassant sa chevelure blonde imbibé de sueur, des larmes coulaient sur ses joues ridés. Des larmes de soulagement.  Un jour, Rome tombera...c'est tout ce qui lui importait à présent.


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